J’avais envie de me mettre à la photographie il y quelque temps déjà, mais mon budget d’étudiant ne me permettait pas de m’acheter un appareil photo reflex. Le petit compact et mon téléphone ne me permettant aucun réglage, les limites furent vite atteintes. Toutefois, rien ne m’empêchait d’améliorer les photos que je pouvais prendre. Ainsi, j’ai choisi d’utiliser le logiciel de développement photographique Darktable, et voici pourquoi.
Avoir un reflex et ne shooter ni en raw, ni développer ses photos via un logiciel de derawtisation me paraît contradictoire (pour ne pas dire autre chose). J’ai donc décidé de commencer « l’apprentissage » d’un de ces logiciels avant même d’avoir un appareil photo reflex. La maîtrise de ces programmes permettant d’améliorer drastiquement le rendu, même avec une photo issue d’un smartphone ou d’un compact. Bien entendu, j’ai essayé la référence: Lightroom. Mais étant donné que je ne l’ai pas utilisé de façon très ponctuelle, mon avis quant à celui-ci n’est pas pertinent ici, et mes comparaisons resteront succinctes.
C’est également la raison de cet article. Parler du célébrissime Lightroom ici n’aurait pas eu une grande valeur étant données les nombreuses sources de contenu lui étant dédiées et leur grande qualité. Gardons en tête que mon avis restera un avis de débutant. Je n’ai pas de préjugé envers Lightroom, je ne suis pas non plus un évangélisateur du libre, et j’espère vous donner ici un avis le plus neutre possible.
Mais revenons à nos moutons: la photographie et les logiciels de derawtisation.
Lightroom n’existant pas sur Linux (voir pourquoi j’utilise Linux en bas de page) et coûtant un bras pour me proposer des fonctionnalités que je ne saurais pas utiliser, je n’ai pas étendu mon intérêt pour celui-ci au-delà de la période d’essai.
J’ai donc cherché un logiciel de derawtisation disponible sur Linux, et je suis tombé sur Darktable. Évidemment il y en a plein d’autres (RawTherapee, Photivo, Ufraw…) mais il me semble que Darktable est le plus performant et qu’il bénéficie toujours d’un développement actif.
Darktable: Des capacités dignes d’un logiciel commercial
Darktable est à Lightroom ce que Gimp est à Photoshop: une alternative crédible et puissante si tant soit peu qu’on se prenne la peine de l’aborder sérieusement. L’interface est certes un peu plus austère, mais cela n’enlève en rien la puissance et la souplesse de ses fonctionnalités. Darktable est libre, gratuit et existe sur Linux et sur Mac.
Question ressources machine, je n’ai pas de point de comparaison. Je ne sais donc pas s’il pompe beaucoup dans le processeur, la ram ou la carte graphique. De même, pour le traitement de nombreuses photos, je suis incapable de dire s’il est plus ou moins rapide que Lightroom ou qu’un autre logiciel de développement photo. En revanche, lorsque vous modifiez les paramètres de l’image que vous êtes en train de traiter, Darktable a besoin de quelques dixièmes de secondes pour appliquer les changements. Cela n’est en aucun cas gênant et ne ralenti en rien le processus de développement, mais il me semble que Lightroom fait les modifications quasiment instantanément.
J’ai eu un doute sur la capacité de Darktable concernant l’application de filtres gradués, radiaux, ou dessinés, comme le fait très bien Lightroom. J’ai été ravi d’apprendre que ces fonctions furent ajoutées il y a quelques semaines, à partir de la version 1.6. L’application de ces filtres est moins intuitif que sur le soft de Adobe, mais la fonction existe et c’est le principal.
N’oublions pas que Lightroom 5 coûte 130€ et que la dernière version ne s’achète plus mais demande un abonnement de 12€/mois. A ce prix là, heureusement que l’interface est plus conviviale et que qu’il y a des fonctionnalités supplémentaires et plus complètes. A l’inverse, Darktable étant gratuit, je trouve que le niveau de prestation, bien qu’inférieur, reste impressionnant.
Darktable est largement suffisant pour tous les amateurs de photographie. Lightroom me parait donc une dépense inutile (sauf pour les pros bien entendu). Le coût du matériel photo étant exorbitant, je ne peux que vous conseiller de sauver vos pépètes pour vous offrir un autre objectif ou quoi que ce soit d’autre.
En résumé, ce n’est pas Darktable qui vous empêchera de réaliser des photos sublimes, bien au contraire.
Les faiblesses de Darktable
Malheureusement comme quasiment tous les logiciels libres, et comme déjà mentionné, l’interface n’est pas des plus «moderne», ni très user-friendly. Elle reste toutefois simple et les personnes connaissant Lightroom ne seront pas trop dépaysées. J’apprécie la présentation par module, et le fait que ceux-ci ne proposent qu’un nombre restreint de paramètres à leur ouverture. Les fonctions avancées (les filtres notamment) n’apparaissent pas automatiquement. Cela rend Darktable plus digeste et moins effrayant pour les débutants comme moi.
Autre reproche, Darktable n’existe pas sur Windows. Comme la plupart des utilisateurs de Linux, j’utilise toujours Windows en parallèle. J’aurais donc fortement apprécié avoir un logiciel qui soit multiplate-formes. Je pense d’ailleurs que cela peut être préjudiciable à son développement. De nombreux photographes amateurs (ou pro) seraient probablement très intéressés par Darktable sur Windows. Avec un afflux de nouveaux utilisateurs, les ressources liées à ce logiciel (codeurs, articles, tutoriels, vidéos…) pourraient se multiplier.
En effet, les tutoriels et les explications concernant Darktable ne sont pas nombreux sur le web francophone comme anglophone. Je recommande toutefois les vidéos de la chaine Carafife sur Youtube qui sont claires et donnent de très bonnes bases pour sa maîtrise.
Je pense également rédiger une série d’article-tuto concernant Darktable car ils pourraient être très utiles à de nombreuses personnes souhaitant découvrir ce logiciel. Le premier démarrage pouvant effrayer avec les dizaines de modules, les réglettes et les paramètres dans tous les coins, quelques explications ne sont pas de trop pour partir du bon pied. N’hésitez pas à me faire part de votre avis dans les commentaires et à mes suggérer des sujets qui vous intéressent.
Les photos illustrant cet article sont des exemples d’ avant / après que je suis parvenu à obtenir grâce à Darktable. Pour info, les photos ont été prises avec mon smartphone (un Samsung Galaxy Note 4). Les fichiers traités sont donc des Jpg et non des raws.
Vous pouvez d’ailleurs cliquer sur toutes les photos pour les afficher en full HD (1920 x 1080).
Petite précision sur mon utilisation de Linux et des logiciels libres
J’essaie d’utiliser Lubuntu (une distribution Linux dérivée de Ubuntu) au maximum. Cette distribution très légère limite fortement la surchauffe de mon PC portable et fluidifie grandement son utilisation au quotidien. Bien entendu, j’ai un dual-boot sur mon PC car Linux est loin d’être parfait: les incompatibilités matériel et logiciel, ainsi que la très mauvaise gestion de la batterie sont des points critiques qui m’empêchent de migrer totalement sur Lubuntu.
Je ne suis pas du tout un prêcheur de Linux et du libre. Mais j’apprécie particulièrement la réactivité et la stabilité de Lubuntu, même sur des machines aux performances faiblardes.
Tu te trompe Darktable est disponible sur Windows, je le fais sous W10.
Je pense qu’avec la version 2 darktable sera très proche et quelque fois supérieur à Lightroom
Bernard Lambert
Darktable n’existe (malheureusement) pas sur Windows, et les développeurs ne comptent pas le faire de sitôt (http://www.darktable.org/2015/07/why-dont-you-provide-a-windows-build/).
Peut-être confonds-tu avec Darkroom?
Frédéric
si si darktable existe sous windows pour sa version 2, un developpeur a compilé darkable sur windows. mais j’ai pas le lien précis… enfin pas encore.
Je n’ai jamais vu Darktable sous windows sauf peut être sous une machine virtuelle faisant tourner linux.
Pour info, le site de la communauté d’utilisateurs francophones de Darktable vient d’ouvrir: http://darktable-fr.tuxfamily.org/
:)
Je pénètre en ce moment dans Darktable : trop de redondance, trop « noir », fouillis, ergonomie trop mauvaise, trop complexe, trop « technique ». Ce n’est que mon avis mais je n’ai pas envie de passer des heures à traiter des photos.
Malheureusement pour moi c’est le seul logiciel qui arrive à détecter mon 450D (sur Kde – Ubuntu).
J’hésite à repasser sur Windows pour avoir les logiciels de Canon disponiblescar j’envisage de scanner mes 3000 diapos et toujours pareil les applicatifs et drivers des constructeurs ne sont pas dispo sur linux (j’ai les mêmes types de problèmes pour les équipements de musique) :cry:
PS : la seule fois où j’ai essayé Darktable sur Windows, il se plantait au lancement.
Je suis globalement d’accord avec toi: la complexité de Darktable est très repoussante au début et il faut plusieurs heures et des tutos pour s’y mettre. Une fois passé ce cap ca va mieux.
Je ne maîtrise pas tous les modules loin de là, mais je fais 95% de mes retouches avec la même 10aine de modules. La plupart des modules ne sont utiles que pour des retouches ultra-précises et des cas très particuliers.
Pour les questions de compatibilité matériel, Linux est toujours une plaie! Pour les softwares en revanche je trouve que c’est de moins en moins grave car quasiment tout est disponible en web-service ou les alternatives opensource sont vraiment capables la plupart du temps.
La version de Darktable sur Widows est du bidouillage d’un seul développeur pour l’instant :/ Espérons que ca évolue.